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Appel à communication pour le colloque "Quels citoyens pour l’empire ? La citoyenneté française à l’épreuve de la colonisation dans la première moitié du XXe siècle" (Paris, 8-10 décembre 2016)

Le 3 mai 2016 à 10h13

Appel à communication pour le colloque international
Quels citoyens pour l’empire ?
La citoyenneté française à l’épreuve de la colonisation
Dans la première moitié du XXe siècle

Paris, 8 - 10 décembre 2016



Les propositions sont à renvoyer avant le 10 juin 2016

Organisé avec le soutien de l’Université Paris 8 et de l’Université Paris-Ouest, des Archives nationales, de l’équipe Institutions et Dynamiques Historiques de l’Économie et de la Société (UMR 8533), du Centre d’Études et de Formation sur le Racisme et l’Antisémitisme (Paris 8), du Centre de recherches historiques de l’université Paris 8 (EA 1571).

"Les dimensions impériales de la citoyenneté française sont à la fois bien et mal connues. Le statut de sujet français a été réintroduit en Algérie en 1865, puis étendu à la plupart des colonies. A partir de 1881, les dispositifs de l’indigénat l’ont frappé d’infamie et en pratique grevé de contraintes (impôts, travail forcé) qui se sont alourdies jusqu’à son abolition immédiate et sans condition en 1946, à la demande des députés d’outre-mer de la première assemblée constituante. Sans être complètement exclu, l’accès des sujets coloniaux à la citoyenneté a été individuel et soumis à des procédures qui laissaient toute latitude aux administrations coloniales locales pour bloquer les dossiers qu’elles estimaient indésirables.
Si cette logique d’ensemble est connue, ses modalités exactes restent à étudier. Des travaux récents ont rappelé que la césure entre citoyens et sujets s’est construite de façon progressive et par ajustements entre les enjeux de pouvoir à l’échelle locale et impériale, les logiques juridiques et les revendications portées par des acteurs (colons, sujets coloniaux relégués dans l’indigénat, parlementaires et ministère des colonies en métropole, administrations coloniales locales) mus par des intérêts différents, sinon contradictoires. La multiplication des recherches d’histoire sociale, politique et culturelle de la colonisation permet désormais d’écrire une histoire plurivoque des dimensions impériales de la citoyenneté française en se demandant comment tous ces acteurs formulent la question qui sert de titre au colloque « quels citoyens pour l’empire ? » et quelles réponses ils lui apportent, ou comment ils font en sorte d’empêcher qu’elle soit débattue.
Entre l’abolition de l’esclavage en 1848 et à la généralisation de la citoyenneté en 1946, la première moitié du XXe siècle constitue un moment significatif de l’histoire de la citoyenneté française à l’épreuve de l’empire colonial. C’est en effet au début du XXe siècle que la possibilité de passer du statut de sujet à celui de citoyen, qui a pour fonction de délimiter concrètement ces deux statuts, est organisée ou réorganisée dans la plupart des territoires colonisés. Cette évolution est précipitée et transformée de façon ambivalente par la première guerre mondiale.
L’accès de certains sujets coloniaux au statut de citoyens pose de façon récurrente la question de leur capacité à obtenir et à assumer ce statut, présenté comme supérieur. Une partie des réponses est formulée en termes de « race ». Le rejet de toute assimilation collective est fondé sur des arguments explicitement racistes au début du XXe siècle, l’élargissement de la citoyenneté aux nouveaux libres en 1848 étant présentée comme une erreur historique à ne surtout pas reconduire. Après la première guerre mondiale, ce discours raciste est éclipsé par des arguments culturalistes qui justifient l’inégalité politique par la différenciation qu’elle autorise en termes de droit privé (le « statut personnel » auxquels les sujets coloniaux seraient attachés au point de renoncer d’eux-mêmes à la citoyenneté). Cependant, à la fin des années 1920, autour de la question connexe du métissage dont les autorités coloniales font un problème impérial, le droit français intègre explicitement la dimension raciale pour ouvrir un accès dérogatoire à la citoyenneté aux enfants métis supposés de « race française ».
Plusieurs perspectives seront croisées pour creuser dans toutes ses dimensions la question des transformations impériales de la citoyenneté française dans la première moitié du XXe siècle :


 pour quels acteurs la citoyenneté a-t-elle été un enjeu dans le cadre impérial ? On s’intéressera aux revendications de citoyenneté, mais aussi, a contrario et quand cela s’avère possible, aux refus explicites de la citoyenneté. On s’intéressera également aux engagements théoriques dans les débats tendant à transformer la citoyenneté et ses usages impériaux
 quels moments, quels cas, quelles affaires ont servi de points de cristallisation à ces transformations ?
 quels sont les soubassements théoriques et empiriques de la racialisation implicite et explicite de la réflexion et des controverses sur la citoyenneté ? Dans quelle mesure et auprès de qui fait-elle débat ? Comment évaluer ses conséquences à moyen et à long terme ?
 quels points de comparaison avec d’autres empires coloniaux peut-on mobiliser pour éclairer les évolutions françaises de la première moitié du XXe siècle ?"



Les propositions sont à renvoyer avant le 10 juin à l’adresse suivante : quelscitoyens@gmail.com

Elles présenteront en une page le projet de contribution et seront accompagnées d’un bref CV (2 pages maximum).
Elles seront soumises au comité scientifique.
Pour toute information complémentaire, merci d’écrire à la même adresse.

Comité scientifique du colloque :
Audrey Célestine (Université Lille 3) ; Alice Conklin (Ohio State University) ; Frederick Cooper (New York University) ; Mamadou Diouf (New York University – Science Po) ; Sarah Fila-Bakabadio (Université de Cergy-Pontoise) ; Claire Fredj (Paris-Ouest Nanterre, IDHES) ; Françoise Lemaire (Archives nationales) ; Marie-Anne Matard-Bonucci (Paris 8, EA 1570) ; Sylvain Pattieu (Paris 8, EA 1570) ; Emmanuelle Sibeud (Paris 8, IDHES) ; Tyler Stovall (University of California à Santa Cruz).



Merci à Emmanuelle Sibeud pour le signalement de ce colloque.