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Journée d’étude de l’APECE "La colonisation nouvelle (fin 18e-début 19e siècle)" (Sorbonne, 11 juin 2016)

Le 6 juin 2016 à 16h06

Journée d’étude de l’APECE
La colonisation nouvelle (fin 18e – début 19e siècle)

Sorbonne, escalier C, 2e étage, salle Marc Bloch
Samedi 11 juin 2016, 9h-18h



"Dans la seconde moitié du 18e siècle s’est développée une puissante remise en cause du système colonial hérité des trois siècles qui ont suivi les fameuses “grandes découvertes”. La colonisation européenne s’était construite autour d’un petit nombre de principes qui en avaient constitué le socle et assuré prospérité et puissance :

- d’une part, le système des compagnies commerciales détentrices de monopoles au profit des différentes métropoles ;
- d’autre part, la mise en valeur minière et surtout agricole par une main d’œuvre africaine servile massive importée par une traite négrière qui atteignit son apogée quantitative dans les années 1780.

Les remises en cause de ce système portaient notamment sur l’archaïsme du système des compagnies à monopoles et sur l’Exclusif commercial imposé par les différentes métropoles : l’émergence d’une nouvelle conception économique fondée sur la libre concurrence et le travail libre remettait le système colonial d’alors en cause.
Outre l’aspect violent et inhumain de l’esclavage et plus encore de la traite négrière, vivement critiqués par les “philosophes”, le principe même du travail servile était contesté par ces mêmes économistes “libéraux”, autour du milieu physiocratique dès les années 1760 et d’Adam Smith et de l’École écossaise un peu plus tard.
De ces vives critiques est née une nouvelle conception de ce que devrait être la colonisation à venir : la journée d’étude que nous organisons, dans le cadre des séminaires mensuels de notre Association, propose une mise au point, fondée sur les recherches récentes, notamment internationales, sur les projets, les fondements théoriques et les tentatives de mise en acte de ce qu’il convient d’appeler la “Colonisation nouvelle”, des année 1770 aux années 1830.
En juin 1791, au moment où la remise en cause du système esclavagiste s’affirmait au plan politique, Étienne Clavière, président de la Société des Amis des Noirs, formulait avec lucidité les lignes directrices du projet de “Colonisation nouvelle”, l’implantation en Afrique sera le substitut à la traite négrière dévastatrice autant que barbare :

« Les Africains ne consomment-ils les marchandises avec lesquelles les Européens alimentent chez eux le carnage et la désolation, que parce qu’ils les paient avec des esclaves ? Cesseront-ils de s’habiller et d’user des bagatelles que nous leur vendons parce qu’au lieu de recevoir de leurs mains sanglantes tant d’innocentes victimes de notre féroce avarice, nous leur demanderons les riches et nombreuses productions dont l’Afrique peut enrichir notre industrie manufacturière ? Non, les Africains sont des hommes ; ils sont par conséquent susceptibles des nombreux besoins que fera naître leur civilisation, si au lieu de la funeste rage que nous soufflons sans cesse dans leur âme, nous ne provoquons chez eux que des spéculations ou des entreprises pacifiques, dont il ne puisse résulter que des échanges innocents. […] Outre les gommes, l’ambre gris, le miel, l’ivoire, les fourrures, l’argent, l’or … outre les bois les plus précieux, les drogues les plus chères, toutes les sortes de poivre et d’épiceries, on y trouve encore le tabac, le riz, l’indigo, le coton en abondance, et à des prix inférieurs à ceux de tous les marchés connus. On y trouve enfin la canne à sucre, ce prétexte à tant de crimes auxquels nous devons la cherté de cette bienfaisante production. »

Programme

Introduction par Marcel Dorigny
1. Alessandro Tuccillo : Faire des conquêtes pour l’amour de l’humanité. La circulation des idées sur la colonisation nouvelle au XVIIIe siècle
2. Marcel Dorigny : La Société des Amis des Noirs, creuset des réflexions autour de la “colonisation nouvelle”
3. Bernard Gainot : Les “projets africains” : autour de K. B. Wadstrom
4. Claire Bourhis-Mariotti : La colonisation de l’Afrique par les Noirs américains, entre déplacement forcé et migration volontaire, 1816-1862
5. Francesca Sofia : Sismondi et la colonisation nouvelle
6. Clément Thibaud, Les enjeux de la « colonisation nouvelle » dans les nouvelles républiques d’Amérique hispanique : régénération républicaine, socialisme dit utopique et ’empire informel’ français (1820-1860)
7. Angelie Sens : Les projets néerlandais vers l’océan Indien. (Un texte écrit sera envoyé et publié avec les actes de la journée)
Conclusions par Bernard Gainot

Source de l’information :
http://apece1750-1850.blog4ever.com/seance-du-11-juin-2016