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Vient de nous quitter notre collègue André Nouschi, historien de l’Algérie coloniale

Le 5 avril 2017 à 17h02

André Nouschi, historien de l’Algérie coloniale

André Nouschi nous a quittés le 7 mars 2017, âgé de plus de 94 ans (1922-2017). C’était à la fois, d’un côté, un historien classique, gros lecteur d’archives, exigeant dans sa démarche intellectuelle, et apte à délivrer des ouvrages synthétiques devenant des ouvrages de référence, et, de l’autre, un historien engagé, fidèle à ses convictions marxisantes et surtout anticolonialistes, mais sans jamais perdre de son objectivité dans ses écrits. C’est à l’oral, dans les colloques, qu’il exprimait surtout cet anticolonialisme rétrospectif et sa grogne envers ce qu’il jugeait des analyses trop entachées de compromis avec une histoire coloniale conformiste. Enfin, sa spécialité était essentiellement l’histoire économique et sociale, mais sans cesse replacée dans les courants d’une histoire générale apte à lui fournir le sens nécessaire et à servir de levier aux débats.

Sa priorité aura été donnée à l’histoire de l’Algérie coloniale. Il a d’abord publié sa thèse Enquête sur le niveau de vie des populations rurales constantinoises. Essai d’histoire économique et sociale (Paris, PUF, 1961, 767 pp), avant une seconde édition, revue et corrigée, préfacée par Gilbert Meynier (Saint Denis, Éditions Bouchène, 2013, LXVI, 700 pp.). Cette thèse avait été complétée par ce qu’on appelait la thèse complémentaire, en 1958, Correspondance du Dr A.E. Vital avec Ismaël Urbain, 1845-1874. L’opinion et la vie publiques constantinoises sous le Second Empire et les débuts de la Troisième République, Alger (432 pp.). Il a sans cesse, dans de nombreux colloques, présenté des analyses charpentées et décapantes à propos de ce champ historique. De sa chaire professorale de Nice, André Nouschi a été le directeur de plusieurs thèses d’envergure, telle celle de Gilbert Meynier, soutenue en 1979 (L’Algérie révélée, la guerre de 1914 a 1918 et le premier quart du XXe siècle ; Genève, Droz, XXII-793 pp., préface de Pierre Vidal-Naquet ; réédition : Alger, Éditions el Maarifa, 2010).

André Nouschi aura été l’auteur d’ouvrages (et de nombreux articles) consacrés essentiellement à l’Algérie. Il est vrai que, membre d’une famille israélite de Constantine, la citoyenneté française lui avait retirée par le gouvernement de Vichy en 1940 ; il s’était engagé en 1942 dans la France libre, avant de s’installer en France métropolitaine, une fois obtenu l’agrégation d’histoire – tout en passant trois années en Tunisie. On comprend dès lors cette passion pour l’histoire de l’Algérie et du Maghreb, mais sans concessions envers l’histoire de la colonisation. Il a ainsi participé à l’Histoire de l’Algérie coloniale, 1830-1962 (Paris, La Découverte, collections « Poches-Essais », 2014, sous la direction de Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour & Sylvie Thénault, 720 pp.), avec le chapitre « La dépossession foncière et la paupérisation de la paysannerie algérienne ».