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"Marchands et corsaires : réseaux d’élites et course maritime à Saint-Malo sous l’Ancien régime" par Henning Hillmann (Séminaire CSO "Réseaux et régulations", 20 mars)

Le 18 mars 2015 à 23h11

"Chers et chères collègues,
Avec toutes nos excuses, nous devons annuler le séminaire de vendredi sur "Marchands et corsaires : réseaux d’élites et course maritime à Saint-Malo sous l’Ancien régime" car notre invité, malade, n’est pas en état de voyager. La séance sera reportée à une date ultérieure en 2015, encore à fixer.
Bien cordialement,"
Claire Lemercier, Julien Brailly et Emmanuel Lazega

Le séminaire Réseaux et régulations reprend avec le printemps et une séance très historique (mais aussi très sociologique). Attention, il aura lieu dans une salle inhabituelle.

Vendredi 20 mars 2015, 14h-16h, Sciences Po, Salle Goguel, 56 rue des Saints Pères 75007 Paris
Henning Hillmann, University of Mannheim
Traders and Corsairs : Elite Networks and Privateering in Old Regime Saint-Malo
Marchands et corsaires : réseaux d’élites et course maritime à Saint-Malo sous l’Ancien régime

"Henning Hillmann montre tout d’abord que les liens économiques et politiques au sein des élites marchandes locales ont constitué la base de l’expansion du commerce intercontinental. Les archives montrent que ces élites locales utilisaient des réseaux de patronage, constituée sur une base familiale, pour mobiliser les ressources nécessaires à leurs expéditions commerciales. Les alliances économiques étaient souvent accompagnées d’un investissement stratégique dans des alliances politiques. Mais tout cela ne constituait que rarement une élite marchande unifiée : on retrouve plutôt dans chaque ville des factions en concurrence, avec des identités distinctes et souvent des intérêts économiques et politiques divergents. Une question se pose donc : comment, malgré tout, les réseaux d’élite ont-ils pu dépasser ces divisions pour constituer une communauté cohérente, avec une identité collective ? L’auteur répond à cette question sur la base d’une étude formalisée des réseaux de l’élite marchande de Saint-Malo, port qui a tenu un rôle clé dans l’économie de la façade atlantique française dans la période mercantiliste. Cette étude qui porte sur la période 1689-1789 se fonde sur l’exploitation de plus de 3000 contrats d’association commerciale, liés ou non à la course maritime, ainsi que de sources fiscales, généalogiques et portant sur les offices municipaux. L’oligarchie des marchands malouins utilisait des réseaux de patronage fondés sur les lignages familiaux pour montrer ses expéditions commerciales. Les dynasties marchandes fondaient leur position sur des stratégies matrimoniales, un accès privilégié aux commerces les plus profitables, et une influence sur les politiques municipales. En temps de guerre, ces marchands transformèrent Saint-Malo en centre de la course maritime (l’attaque des navires commerçants ennemis par des corsaires, autorisés par des lettres de marque émises par le gouvernement français). Pour les marchands, il y avait peu de barrières à l’entrée des associations commerciales qui participaient à la course maritime, et ces associations étaient relativement indépendantes des affiliations politiques des uns et des autres. La course a ainsi permis la création de liens entre des factions par ailleurs concurrentes des élites locales. Cela a permis à ces élites de construire une certaine unité pour répondre aux menaces liées à la guerre, mais aussi pour lutter avec succès contre d’autre ports atlantiques pour l’obtention de privilèges."

"I examine how the economic and political networks among merchant elites laid the local foundations of overseas trade expansion “on the ground” in their seafaring ports. Historical evidence suggests that local elites used family-based patronage networks to mobilize the necessary resources for their trading ventures. Economic alliances often coupled with strategic investments in political alliances. But such alliances rarely led to a unified elite within merchant communities. We rather find conflicting elite factions with distinct identities and often competing business and political interests.

How, then, can divisions within elite networks be bridged in favor of a cohesive community and a collective identity ? I answer this question through a quantitative historical network study of the merchant elite in Saint-Malo, a port city that played a pivotal strategic role in the French Atlantic economy during the Age of Mercantilism. An oligarchy of Malouin merchants organized trading ventures along lineage-based patron-client networks. These merchant family dynasties reinforced their positions through marriage alliances, privileged access to profitable trades and a favorable balance of power in municipal politics. During wartime, these merchants turned Saint-Malo into one of the most vibrant centers of privateering, the raiding of enemy trade ships, licensed by the French government through letters of marque. My argument is that privateering partnerships faced few entry-barriers and were less politically charged than other affiliations. Privateering therefore enabled brokerage and bridging ties across conflicting elite factions. Such brokerage and bridging helped the local merchant elite to unite against external threats imposed by war and to compete successfully with other Atlantic ports for trade privileges. Supporting quantitative evidence comes from archival registers of more than 3,000 privateering and trade partnership contracts, poll tax records, kinship networks and political officeholding among the Saint-Malo merchant elites over a period of one hundred years, from the height of the Ancien Regime to the French Revolution (1689-1789)."

Les séances suivantes, au CSO (Centre de sociologie des organisations), 19 rue Amélie, 75007 Paris : programme 2015-2016